Ce 8 mars, nous célébrons la journée internationale des droits des femmes.
Toutes les femmes ont un parcours différent et certaines d’entre elles travaillent aujourd’hui dans la filière du vin et de la vigne. Négociante, sommelière, maîtresse de chai, vigneronne… tant de métiers qui vont aussi bien aux femmes qu’aux hommes.
À l’époque, le monde viticole était réservé aux hommes. Les noms des métiers étaient prononcés au masculin : négociant, sommelier, maître de chai, vigneron, etc. et nous pouvions apercevoir des panneaux « interdits aux dames » à l’entrée de certains domaines. Ce phénomène était encore visible il y a une vingtaine d’années, mais depuis (et fort heureusement), le secteur viticole a évolué. Il s’avère même que les femmes sont les plus grandes consommatrices de vin en France ; nous comptons à elles seules 65% des bouteilles achetées.
Au fil des années, les femmes ont su hausser leur voix pour devenir des actrices connues et reconnues dans la filière vigne et vin.
Qu’en est-il aujourd’hui de la place de la femme dans le monde viticole ? Pour répondre à cette question, nous avons recueilli le témoignage de trois femmes vigneronnes à l’heure actuelle.
Les femmes dans le monde du vin selon Thérèse Besancenot, du domaine Besancenot
Thérèse Besancenot fait partie de la sixième génération à reprendre le domaine familial situé en Bourgogne avec son frère. Pour elle, il est primordial de mettre en avant la place de la femme dans le monde viticole. C’est pour quoi elle a adressé une lettre au gouvernement à ce sujet la semaine passée.
Au départ, Thérèse était banquière. Elle est revenue sur l’exploitation familiale en 2006 afin d’aider son frère autant pour l’administratif que pour le commerce : « la place typique d’une femme sur l’exploitation » nous dit-elle. Puis, Thérèse est tombée amoureuse du vin, de cette manière de transformer le raisin pour en faire un produit qui lui ressemble. Au-delà de la vinification, de l’élevage, de la mise en bouteille, Thérèse a appris à s’occuper des vignes. Elle les a chéries et a trouvé son bonheur dans ce secteur lorsqu’elle a pu voir grandir ses vignes et ainsi récolter le fruit de son travail.
Lors de son arrivée sur le domaine, le milieu était encore très masculin. Il fallait des hommes aux grandes capacités musculaires pour porter le matériel lourd. Mais cela a très vite évolué : le matériel était plus léger, les cartons se comptaient au nombre de 6 et non plus de 12.
Thérèse nous a indiqué que la plus grande contrainte d’être une femme dans ce milieu n’était pas le regard des collègues mais celui de l’État. En effet, l’État ne reconnaît pas encore totalement les femmes en tant que femme exploitante mais davantage en tant que femme d’exploitant ou aide familiale. Cela s’améliore depuis 2019 où les congés maternité pour les femmes exploitantes ont évolué.
Thérèse nous a avoué que le plus grand avantage en tant que femme dans le secteur viticole était leur sensibilité ainsi que leur organisation. Il en est de même pour la production du vin, leur sensibilité se ressent à travers leur vinification et permet ainsi au domaine d’exploiter de nouvelles saveurs.
Concernant son avenir professionnel dans le monde du vin, elle met l’accent sur l’usure du corps de la femme. En effet, il est dur de travailler toute la journée dans les vignes : tendinites aux poignets, mal de dos récurrents, blessures aux genoux… La retraite à 65 ans paraît compliquée.
Malgré les quelques points faibles du travail, Thérèse est fière de voir de plus en plus de femmes dans ce secteur. À l’époque, elle accueillait des apprenties et stagiaires féminines au sein de son domaine, rejetées par d’autres, et représentant seulement 5% dans la viticulture. Ces femmes s’orientaient en commerce des vins. Aujourd’hui, elles sont plus de 20% à suivre une formation vigne et sont acceptées dans les domaines. Certaines ont d’ailleurs une formation tractoriste, ce qui est était impensable il y a quelques années encore.
« Aujourd’hui, je suis la présidente de l’appellation Beaune. Je suis fière de dire que je suis une femme, que j’ai 2 enfants et un mari qui travaille dans un autre secteur. Je gère mon domaine avec mon frère, ma maison et l’ODG de Beaune. »
Alors à toutes les jeunes filles qui souhaitent se lancer dans le domaine du vin, un mot d’ordre : foncez. La place des femmes est légitime qu’importe l’endroit et la France est un pays d’égalité : « si vous ne réussissez pas une tâche, ce n’est pas à cause de votre statut de femme mais uniquement par manque de pratique. Cela se corrige. »
Pauline Charles du Domaine Charles en Bourgogne
Pauline a fait des études de commerce ainsi que d’esthétique. Après plusieurs années de réflexion, elle a décidé de revenir au domaine familial et a entamé une année de formation à Beaune. Elle est arrivée en juin 2015 et espère fleurissant son avenir professionnel dans le monde du vin.
Concernant les avantages ou inconvénients à être une femme dans ce milieu, Pauline nous a répondu qu’elle n’en ressentait pas spécialement au Domaine Charles, mis à part le fait qu’il faille tout connaître sur le bout des doigts car les femmes sont plus attendues au tournant par les hommes sur les questions techniques, par exemple.
Elle conseille à toute jeune fille qui envisage de se lancer dans le domaine du vin d’y aller : « c’est un monde magique, de partage et de convivialité ».
Amélie Neau Houmeau du Domaine de Nerleux
Amélie « se sent comme Obélix » concernant son parcours jusqu’au secteur viticole, « c’est-à-dire que je suis tombée dedans quand j’étais toute petite » nous dit-elle en riant.
9ème génération d’une famille vigneronne, fille unique de surcroit, il était pour elle inconcevable de ne pas reprendre le domaine familial : le Domaine de Nerleux. Sa famille l’a pourtant incité à découvrir d’autres métiers en faisant des études n’ayant pas de rapport direct avec le secteur viticole. Amélie a donc fait 5 ans d’études en ressources humaines. Après 10 ans d’expérience bancaire, elle et sa famille ont finalement envisagé une collaboration.
Elle a alors entrepris une formation viti-oeno pour adultes et a accumulé diverses expériences en tant que stagiaire dans des domaines autres que le domaine familial. La passation s’est alors faite assez rapidement et naturellement avec son père, depuis peu retraité et très heureux !
En ce qui concerne son statut de femme au sein du milieu viticole, Amélie nous dit que ce n’est jamais tout blanc ou tout noir mais que cela évolue de manière positive et que ce secteur est de plus en plus ouvert aux vigneronnes. « J’ai été également fort surprise de constater l’engouement croissant de certains consommateurs envers les vins de vigneronnes, au point où certains cavistes ou sites en ligne ne proposent que des cuvées vinifiées par des femmes. On pourrait même parler de discrimination positive à ce stade ! »
Son avenir professionnel, Amélie le voit plutôt en rose, rouge et blanc, avec ou sans bulles. Autant dire qu’elle ne le voit pas ailleurs que dans le monde viticole !
À toutes ses femmes qui souhaitent s’aventurer dans le monde du vin et des vignes : « Go Go Go ! C’est un métier certes très prenant mais il est aussi tellement passionnant et enrichissant qu’on en oublie les aléas. »
Passion, partage et convivialité : 3 maitres-mots qui définissent bien les qualités nécessaires à une vigneronne !
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